Le mot grec martyr signifiait témoin. La tradition chrétienne l’a utilisé pour désigner celui qui meurt pour sa foi, en le prolongeant sous cette forme écrite. Cependant, avant la généralisation du christianisme en occident, le latin courant avait adopté ce mot pour désigner un cimetière, tout en le prononçant martur (U latin était prononcé « ou ») ; par la suite, martur a donné « martre » en français comme en occitan.
Le latin avait également formé le mot marturetu qui avait un sens approchant. En français, marturetu a donné « martroi » ou « martrai » (exemple : place du Martroi, à Melun) ; en terres de langue d’òc, il a donné martoret (ex. place du Martouret au Puy-en-Velay). Même si martre et martoret ne sont plus en usage depuis longtemps, ils sont restés dans la toponymie. Le lieu-dit Martouret, à Sainte-Sigolène, peut donc nous indiquer l’emplacement d’un ancien cimetière. L’éloignement du centre de la paroisse laisse penser qu’il était utilisé à une époque très ancienne (avant fin de la période Mérovingienne). On sait d’ailleurs que les martrois ou martrais étaient pour la plupart situés en dehors des enceintes de villes. On a également un lieu-dit ‘Le Martouret’ sur la commune des Villettes (1).
Indiquons enfin qu’en zone francoprovençale, de Saint-Etienne à Lausanne, marturetu a donné marterei ou martorei, parfois écrit « martoret » selon une tradition choisissant d’écrire « et » pour EI. La forme occitane locale pour Sainte-Sigolène serait martoré [ martu’rø ] , l’écriture ‘martouret’ résulte de l’adoption d’une règle où T marque la nature tonique de la voyelle finale (ex. ‘Montusclat’, ‘Montmeat’); cette règle présentant l’avantage d’assurer une continuité avec le domaine où ce T est réellement dans l’identité phonétique, dont en particulier le Velay en deçà d’une ligne Craponne/Retournac/Saint-Front.
Le contenu de cet article reprend certains éléments de : Soyer Jacques. Étude sur l'origine des toponymes « martroi » et « martres». In: Revue des Études Anciennes. Tome 27, 1925, n°3. pp. 213-227;
(1) ‘Martouret’, cadastre napoléonien de Sainte-Sigolène, section L, parcelle 380, passée en 1866 dans la section A des Villettes.
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Auteur: Didier Grange - 2020-2021
Santa-Segolena: 'Sainte-Sigolène '
* Lo martore(t): 'Le martouret'
La meira : ‘La grand mere’, ‘le meyrat’
La malautèira : ‘La malouteyre’
Pra(t) de l’òia : ‘Pré de Loye’
Pueibrau : ‘Pébrau’, ‘Peybraud’
Pont soteira(n) : ‘Pont souteyrat’
Lo vial, la viala : ‘la vialle’
Las sèrvias : ‘Les servies’, ‘la servia’
Licha-Mealha: ‘Lichemiaille’, 'Lichemaille'
Peirelaa, Peiralaa : ‘Peyrelas’